Le feu grégeois et le feu byzantin
Lors de la bataille de la Néra, Lord Davos Mervault
voit le navire Sladhor Saan prendre feu sur l’eau :
« Une dizaine de galères s’y heurtées, et le courant ne cessait d’en entraîner de supplémentaires.
Presque toutes flambaient déjà, les autres ne tarderaient guère. Au-delà se discernaient les coques
zébrées de Sladhor Saan, mais Davos comprit qu’il ne les rejoindrait jamais. Un mur d’acier rougi,
de bois embrasé, de flammes vertes virevoltantes se dressait entre elles et lui. L’enfer ouvrait sa
gueule où naguère encore s’ouvrait la bouche de la Néra. »
Le feu grégeois n’est pas une invention de l’auteur. Il s’agit d’un mélange inflammable qui peut
prendre feu même dans l’eau, comme ici dans ce passage du Trône de fer. Cette invention est
attribuée à Callinicus au VIIème siècle. Vous allez me dire : « C’est pas l’Antiquité là ! ».
Et vous auriez raison, seulement, les origines de cet explosif viennent bien de cette période.
En effet, Thucydide
parle de lance-flammes dans son œuvre Histoires :
Il s’agit ici d’un mélange de charbons, de soufre et de poix. Le feu grégeois a sans doute été
inventé au Moyen-Âge grâce à cette première arme qui peut provoquer des dégâts considérables.
« Une dizaine de galères s’y heurtées, et le courant ne cessait d’en entraîner de supplémentaires.
Presque toutes flambaient déjà, les autres ne tarderaient guère. Au-delà se discernaient les coques
zébrées de Sladhor Saan, mais Davos comprit qu’il ne les rejoindrait jamais. Un mur d’acier rougi,
de bois embrasé, de flammes vertes virevoltantes se dressait entre elles et lui. L’enfer ouvrait sa
gueule où naguère encore s’ouvrait la bouche de la Néra. »
– George R. R. Martin, L'Invisible forteresse, Paris, Éditions Pygmalion, 2000, p. 207
« Immédiatement les Béotiens firent venir du golfe Maliaque des archers et des frondeurs ; après la bataille ils avaient reçu deux mille hoplites de Corinthe, la garnison péloponnésienne de Nisaea et un certain nombre de Mégariens. Avec ces troupes ils marchèrent contre Délion et attaquèrent le rempart. Entre autres moyens d'attaque, ils firent avancer une machine, qui leur permit de réduire la place. En voici la description, Ils prirent un grand madrier, qu'ils scièrent en deux et qu'ils creusèrent sur toute sa longueur ; ils ajustèrent ensuite minutieusement les deux parties pour former une espèce de tube ; à une extrémité, ils suspendirent avec des chaînes une chaudière ; un tuyau de fer traversait de part en part le madrier et par un coude venait aboutir à la chaudière ; le madrier, sur sa plus grande longueur, avait été garni également de fer. On amena de loin sur des chariots cet engin, à l'endroit du rempart où avaient été entassés le plus de sarments et de bois. Une fois la machine à proximité du rempart, les assiégeants adaptèrent à la partie tournée vers eux d'immenses soufflets et les mirent en action. L'air comprimé pénétrant dans le tube et passant sur le chaudron, plein de charbons ardents, de soufre et de poix, provoqua une très grande flamme et mit le feu au retranchement. Nul ne put résister ; les assiégés durent s'enfuir en abandonnant leur poste. C’est ainsi que la muraille fut prise. Une partie de la garnison périt ; deux cents hommes furent faits prisonniers, la plupart des autres réussirent à s'embarquer et rentrèrent chez eux. »
