Ramsay et Actéon : les chasseurs chassés
Dans la série Game of Thrones, on peut assister à la mort de Ramsay Bolton. Il est alors
en cage, attaché à une chaise. Sansa qu'il a fait souffrir lui annonce qu'il est enfermé avec ses chiens. Ramsay assure
qu'ils ne lui feraient jamais aucun mal. Sansa lui rappelle qui les a affamé depuis pluisieurs jours et ont donc faim. Ramsay
meurt alors dévoré par ses propres chiens.
Un maître qui se fait dévorer par ses propres chiens, cela ne vous rappelle pas un épisode mythologique ?
Actéon, chasseur et petit fils d'Apollon, surprend Diane, la déesse de la chasse, dans son bain. Elle le condamne à devenir l'une de ses proies : un cerf, et ce sont ses propres chiens qui l'ont dévoré.
Certes, Ramsay ne s'est pas transformé en petite biche apeurée, et, Sansa n'est pas une déesse, mais il faut avouer question l'on peut aisément comparer ces deux histoires. Voici les mots d'Ovide pour confirmer mes dires :
« Bornant là ses menaces, elle fait naître sur la tête ruisselante du malheureux les cornes du cerf vivace, elle allonge
son cou, termine en pointe le bout de ses oreilles, change ses mains en pieds, ses bras en longues jambes et couvre son
corps d’une peau tachetée. Elle y ajoute une âme craintive ; le héros, fils d’Autonoé, prend la fuite et, tout en courant,
s’étonne de sa rapidité. Lorsqu’il aperçut dans l’eau sa figure et ses cornes : “Suis-je assez malheureux !” allait-il
s’écrier ; mais aucune parole ne sortit de sa bouche. Il gémit ; ce fut tout son langage ; ses larmes coulèrent sur une
face qui n’était plus la sienne ; seule sa raison lui restait encore. Que devait-il faire ? Rentrer chez lui, dans la
demeure royale, ou bien se cacher dans les forêts ? La honte lui interdit le premier parti ; la crainte, le second.
Tandis qu’il hésite, ses chiens l’ont aperçu ; [...]. Cette meute, avide de la curée, à travers les rochers, les
escarpements, les blocs inaccessibles, sur des terrains difficiles ou sans routes, poursuit le jeune homme. Il fuit
dans ces mêmes lieux où il a si souvent poursuivi son gibier : hélas ! oui, il fuit ceux qui étaient à son service.
[...] Tandis qu’ils retiennent leur maître, le reste de la meute se rassemble ; tous les crocs s’abattent à la fois
sur son corps. Bientôt la place y manque pour de nouvelles blessures ; [...]. Ils se dressent de tous côtés autour de
lui, et, le museau plongé dans le corps de leur maître , caché sous la forme trompeuse d’un cerf, ils le mettent en
lambeaux ; ce ne fut qu’en exhalant sa vie par mille blessures qu’il assouvit, dit-on, la colère de Diane, la déesse
au carquois. »
Un maître qui se fait dévorer par ses propres chiens, cela ne vous rappelle pas un épisode mythologique ?
Actéon, chasseur et petit fils d'Apollon, surprend Diane, la déesse de la chasse, dans son bain. Elle le condamne à devenir l'une de ses proies : un cerf, et ce sont ses propres chiens qui l'ont dévoré.
Certes, Ramsay ne s'est pas transformé en petite biche apeurée, et, Sansa n'est pas une déesse, mais il faut avouer question l'on peut aisément comparer ces deux histoires. Voici les mots d'Ovide pour confirmer mes dires :
« Bornant là ses menaces, elle fait naître sur la tête ruisselante du malheureux les cornes du cerf vivace, elle allonge
son cou, termine en pointe le bout de ses oreilles, change ses mains en pieds, ses bras en longues jambes et couvre son
corps d’une peau tachetée. Elle y ajoute une âme craintive ; le héros, fils d’Autonoé, prend la fuite et, tout en courant,
s’étonne de sa rapidité. Lorsqu’il aperçut dans l’eau sa figure et ses cornes : “Suis-je assez malheureux !” allait-il
s’écrier ; mais aucune parole ne sortit de sa bouche. Il gémit ; ce fut tout son langage ; ses larmes coulèrent sur une
face qui n’était plus la sienne ; seule sa raison lui restait encore. Que devait-il faire ? Rentrer chez lui, dans la
demeure royale, ou bien se cacher dans les forêts ? La honte lui interdit le premier parti ; la crainte, le second.
Tandis qu’il hésite, ses chiens l’ont aperçu ; [...]. Cette meute, avide de la curée, à travers les rochers, les
escarpements, les blocs inaccessibles, sur des terrains difficiles ou sans routes, poursuit le jeune homme. Il fuit
dans ces mêmes lieux où il a si souvent poursuivi son gibier : hélas ! oui, il fuit ceux qui étaient à son service.
[...] Tandis qu’ils retiennent leur maître, le reste de la meute se rassemble ; tous les crocs s’abattent à la fois
sur son corps. Bientôt la place y manque pour de nouvelles blessures ; [...]. Ils se dressent de tous côtés autour de
lui, et, le museau plongé dans le corps de leur maître , caché sous la forme trompeuse d’un cerf, ils le mettent en
lambeaux ; ce ne fut qu’en exhalant sa vie par mille blessures qu’il assouvit, dit-on, la colère de Diane, la déesse
au carquois. »
– Ovide, Les Métamorphoses, trad. par Georges Lafaye, III, pp. 112-114
