Les crucifiés sur la route de Meereen et la route de Capoue à Rome
Dans le huitième tome intitulé Les Noces pourpres,
Daenerys désire se rendre à Meereen, l’une des plus
grandes cités esclavagistes. Sur la route de Yunkaï, d’où
elle part, jusqu’à Meereen, cent soixante-trois jeunes esclaves sont cloués sur le bord de la route :
« Mais le pire de tout, c’est qu’ils avaient cloué un petit esclave sur chacune des bornes milliaires
de la route côtière en provenance de Yunkaï, les y avaient cloués vivants, tripes à l’air et un bras
constamment tendu pour indiquer la direction Meereen. Comme il conduisait l’avant-garde, Daario avait
ordonné de retirer de là les gosses suppliciés pour en épargner le spectacle à Daenerys, mais elle,
aussitôt informée du fait, avait exigé qu’ils y soient laissés. “Je veux les voir, avait-elle dit.
Je veux voir chacun d’eux, je veux les compter, je veux voir chacun d’eux, je veux les compter, je
veux contempler leurs visages. Et je veux me rappeler.” »
Cela fait grandement penser aux crucifiés de la route de Capoue à Rome après la défaite de
Spartacus
lors de la troisième guerre servile :
« 120 [...] Les nombreux fuyards qui se sauvèrent de la bataille allèrent chercher un asile dans les
montagnes : Crassus les y poursuivit. Ils se distribuèrent en quatre bandes, qui se battirent jusqu’au
moment où ils furent totalement exterminés ; à l’exception de six mille, qui, faits prisonniers, furent
crucifiés tout le long de la route de Capoue à Rome. »
Daenerys, elle, a décidé de se venger, une fois la cité prise :
« “Je veux vos meneurs, leur annonça-t-elle. Livrez-les, j’épargnerai tous ceux d’entre vous qui n’ont
été que leurs acolytes.
« Mais le pire de tout, c’est qu’ils avaient cloué un petit esclave sur chacune des bornes milliaires
de la route côtière en provenance de Yunkaï, les y avaient cloués vivants, tripes à l’air et un bras
constamment tendu pour indiquer la direction Meereen. Comme il conduisait l’avant-garde, Daario avait
ordonné de retirer de là les gosses suppliciés pour en épargner le spectacle à Daenerys, mais elle,
aussitôt informée du fait, avait exigé qu’ils y soient laissés. “Je veux les voir, avait-elle dit.
Je veux voir chacun d’eux, je veux les compter, je veux voir chacun d’eux, je veux les compter, je
veux contempler leurs visages. Et je veux me rappeler.” »
– George R. R. Martin, Les Noces pourpres, Paris, Éditions Pygmalion, 2001, p. 344
« 120 [...] Les nombreux fuyards qui se sauvèrent de la bataille allèrent chercher un asile dans les
montagnes : Crassus les y poursuivit. Ils se distribuèrent en quatre bandes, qui se battirent jusqu’au
moment où ils furent totalement exterminés ; à l’exception de six mille, qui, faits prisonniers, furent
crucifiés tout le long de la route de Capoue à Rome. »
– Appien, Les Guerres civiles à Rome, trad. par J.-I. Combes-Dounous, Livre I, Paris, Les Belles Lettres, 1993, p. 168
« “Je veux vos meneurs, leur annonça-t-elle. Livrez-les, j’épargnerai tous ceux d’entre vous qui n’ont
été que leurs acolytes.
– Combien ? demanda une vieille entre deux sanglots. Combien vous en faut-il pour nous épargner ?
– Cent soixante-trois”, répondit-elle.
Et elle les avait fait clouer sur des poteaux de bois tout autour de la plaza, chacun d’eux pointant
le doigt vers le suivant. Une rage implacable bouillonnait en elle lorsqu’elle en avait donné l’ordre,
une rage qui lui donnait l’impression d’être un dragon vengeur. Mais, plus tard, la vue de leur agonie
sur les poteaux, quand elle passait par là, leurs gémissements qui vous écorchaient l’oreille, l’odeur
de tripes et de sang qui vous…
Elle écarta le miroir en fronçant les sourcils. C’était juste. Oui, juste. Je le devais. Pour ces
enfants. »
– George R. R. Martin, La Loi du régicide, Paris, Éditions Pygmalion, 2003, p. 203
