Je m'appelle Manon et suis âgée de 21 ans.
Actuellement étudiante en Humanités et Sciences de l'Information,
ce site, créé tel un journal, vous offre une plongée dans le monde des gladiateurs.
Même si je ne suis pas spécialiste du sujet, mes articles sont le fruit d'un long travail documentaire et chacune de mes sources, ainsi que les présentations des auteurs sont à retrouver dans la bibliographie.
Chers Gladiateurs, bonjour !
Un combat fini, un entraînement trop difficile, une envie de décompresser ? Quoi de mieux que de faire une pause en lisant les actualités "gladiateuresques" de votre ludus ?
Ici, vous trouverez les dernières news sorties tout droit de l'arène ! Venez apprécier les interviews de vos gladiateurs favoris et des témoignages liés à votre vie quotidienne, informez-vous des derniers faits divers qui font grand bruit dans le pays, ou bien contentez-vous de vous détendre en préparant vos sorties du week-end et en attaquant nos mots fléchés sanguinolents à travers notre page culture.
Vous l'aurez compris, il y en a pour tous les goûts. Alors, posez votre glaive, jetez votre armure et bienvenue dans la Gazette du Gladiateur !
Nouveautés 
Mai MMXX. Ave Gladiatores ! Bienvenue à l'inauguration de la gazette, toute belle, toute fraîche et emplie d'articles inédits qui n'attendent que vous !
Sur YouTube, un complément de nouvelles informations vous attend sous un format bien plus ludique et divertissant : eh oui, il faudra bien vous reposer un peu après avoir lu tous ces articles !
Maintenant que le cadre est posé, il est temps de pousser les portes de l'arena et de s'attaquer au coeur du sujet...
À quoi s'attendre des nouveautés chaque mois ? Comme son nom l'indique, un petit point sur les articles qui viennent de sortir ou bien sur les vidéos. Mais pas que !
Ce petit billet permettra aussi de présenter mensuellement une scène d'un péplum et sa petite histoire antique... Et, comme vous pouvez le voir ci-contre, rien de tel que de commencer par le bien célèbre Gladiator de Ridley Scott et la si fascinante figure de l'empereur Commode.
Mais qui est Commode et pourquoi s'intéresser à un empereur romain pour l'inauguration d'un site sur les gladiateurs ? C'est ce que nous allons aborder ensemble !
Entre réalités historiques et fantaisies cinématographiques
Dans Gladiator, Marc Aurèle, empereur de Rome, préfère nommer successeur le général Maximus (interprété par Russel Crowe), plutôt que son fils Commode (interprété par Joaquin Phœnix). Ce dernier est dépeint sous les traits d’un jeune homme cruel, violent, incestueux et prêt à tout pour accéder au pouvoir. Hors de lui après la découverte des choix de succession de son père, il l’assassine en l’étouffant et finit ainsi par devenir empereur. Un empereur avide de sang qui réduit Maximus à la gladiature.
Dans la scène finale, il combat dans l’arène face à l’ancien général, en le poignardant au préalable pour s’assurer de sa victoire. Finalement, l’empereur, très couard, trouve aussi la mort sur le sable de l’arène.
Mais, qu’en était-il du véritable Commode ? Son règne sur Rome dura de 180 à 192 après J.-C. au cours de la dynastie des Antonins, contrairement au film dans lequel ces douze années semblent réduites à quelques mois tout au plus. Si sa réputation d’empereur débauché et cruel est en effet véhiculée depuis l’Antiquité, il n’a pour autant jamais été question pour Marc Aurèle, pourtant connu pour avoir été un « bon » empereur, de nommer un autre nom pour lui succéder. Au contraire, Marc Aurèle préparait Commode au pouvoir depuis son plus jeune âge, ce qui dénote avec la dynastie des Antonins qui ne laissait pas nécessairement l’hérédité primer chez les successions impériales. Les sources principales sur la vie de notre protagoniste nous viennent d’Ælius Lampridius qui rédigea la « Vie de Commode ». Toutefois, inutile de rappeler que les sources antiques doivent être analysées avec la plus grande précaution puisque la neutralité historique n’était pas forcément d’usage. A. Lampridius nous rapporte cependant deux points communs à la trame de R. Scott : la relation incestueuse avec sa sœur Lucilla qu’il finira même par faire assassiner1, et sa fascination pour la gladiature. Mais, Commode ne mourut pas dans l’arène…
Commode, l’empereur gladiateur
Un phénomène souvent peu évoqué en matière de gladiature est la participation de l’aristocratie au sein des munera, mais elle a pourtant existé et fait polémique.
Déjà en 29 avant notre ère, Vitellius, un sénateur, se faisait gladiateur, allant à l’encontre de la dignitas qu'impliquait son statut. Une « vente de la dignité » qui servait aux aristocrates les plus marginaux à se légitimer auprès du peuple à travers l’arène et la scène, le métier d’acteur étant tout aussi mal vu dans la société2. Aristocrate ou pas, l’homme qui s’abaisse à la gladiature est en tout cas frappé par l’infamie qui lui empêche toute forme de réhabilitation dans la société. Quand bien même l’aristocrate est réhabilité par l’empereur, sa réputation n’en est pas moins réduite : il est humilié, célèbre pour de bien mauvaises raisons et perd totalement sa dignitas3.
Qu’en est-il alors quand c’est l’empereur lui-même qui s’adonne à de telles pratiques, qui sont celles de sous-hommes ? Commode possède un goût démesuré pour la gladiature, presque grotesque, à tel point qu’il déplaît au peuple, pourtant plus grand consommateur de ces jeux. Il est l’opposé même de son père, qui avait par exemple refusé de toucher les subventions liées à la gladiature au cours de son règne4. 
Si Néron se rêvait acteur, commode se rêve gladiateur et peu lui importe si ses passions sont incompatibles avec son titre. A. Lampridius écrit ainsi qu’il « établit des jeux dans sa maison »5, il n’hésite pas non plus à manger avec des gladiateurs. Si Gladiator le présente comme accroché à tout prix au pouvoir, l’Histoire le rend plus proche de ses plaisirs personnels que du gouvernement et il accepte ainsi la proposition de Pérennis de lui laisser gérer la politique (celui-ci finira par ailleurs par être nommé « ennemi de l’état » et Commode justifiera nombre de ses actions en prétextant l’emprise de Pérennis sur lui6). Il aurait profité de cette période pour avoir 300 concubines, dont des femmes mariées et des hommes et il « descendait dans l’arène avec les gladiateurs […] quelques fois même avec des glaives acérés »7.
Plus tard, Commode combat dans l’amphithéâtre de Lanuvium contre des animaux féroces et va jusqu’à demander à ce qu’on l’appelle l’« Hercule romain »8 en référence au demi-dieu aux 12 travaux triomphants. Un nom que le Sénat lui donnera surtout ironiquement, puisqu’il deviendra la risée de cette institution.
Une mort loin de l’arène… mais près des gladiateurs
Le palmarès gladiatorial de l’extravagant empereur se serait élevé à 735 combats de gladiateurs. S’il n’est jamais mort dans l’arène face à un dénommé Maximus, son destin fut pourtant lié au monde des gladiateurs jusqu’à la fin. En effet, le préfet Quintus Émilius Létus et Marcia, l’une des concubines de l’empereur, commandent son assassinat. Le 31 décembre 192, Commode se fait étrangler par un athlète avec lequel il avait l’habitude de s’entraîner pour ses combats9.
À sa mort, le Sénat aurait prononcé les paroles suivantes : « Que l’ennemi de la patrie, le parricide, le gladiateur, soit mis en pièces dans le lieu où l’on traîne les cadavres des gladiateurs »10. Si Commode n’a donc pas péri en gladiateur, il n’a cependant pas reçu bien plus de respect et d’honneur que ces « sous-hommes », combattants qu’il admirait au point de les rejoindre sur le sable.
Références :
1 A. Lampridius, « Vie de Commode Antonin », VIII.
2 C. Bur, « Les aristocrates acteurs et gladiateurs de César à Tibère », p. 97-98.
3 C. Bur, « Les aristocrates acteurs et gladiateurs de César à Tibère », p. 101.
4 A. Bernet, Histoire des gladiateurs, p. 85.
5 A. Lampridius, « Vie de Commode Antonin », V.
6 A. Lampridius, « Vie de Commode Antonin », VI.
7 A. Lampridius, « Vie de Commode Antonin », V.
8 A. Lampridius, « Vie de Commode Antonin », VIII.
9 A. Lampridius, « Vie de Commode Antonin », XVII.
10 A. Lampridius, « Vie de Commode Antonin », XVIII.
